Dans une déclaration musclée rendue publique ce 30 juin à Yaoundé, le Pr Maurice Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et candidat à la présidentielle d’octobre 2025, réagit à la démission de deux ministres originaires du Grand Nord. Il alerte sur un projet de division orchestré selon lui par le régime RDPC, en réponse à l’émancipation politique de cette région longtemps négligée.
Le leader de l’opposition camerounaise, le Pr Maurice Kamto, est monté au créneau ce 30 juin pour dénoncer ce qu’il qualifie de stratégie de la peur mise en œuvre par le régime en place, après la démission de deux ministres issus du Grand Nord. Selon lui, cette région est au cœur d’un plan de déstabilisation visant à saboter son réveil politique.
Depuis plusieurs décennies, le Grand Nord est perçu comme un réservoir électoral que le régime RDPC sollicite à chaque élection. Cependant, malgré cette fidélité supposée, les conditions de vie de ses populations n’ont jamais connu d’amélioration significative. « Le sort des populations du Grand Nord n’a jamais retenu l’attention du pouvoir-RDPC », affirme Kamto, dénonçant un abandon flagrant dans les domaines clés comme la sécurité, l’éducation, la santé ou encore les infrastructures.
Le Grand Nord se réveille, Yaoundé s’inquiète
Pour Maurice Kamto, les signes d’un sursaut citoyen sont de plus en plus visibles dans cette région. Il salue une jeunesse dynamique et consciente, désormais déterminée à peser de tout son poids dans les choix politiques du pays. Ce réveil, selon lui, surprend un régime paniqué, qui chercherait à y opposer une stratégie de manipulation fondée sur la division ethnique et religieuse.
Kamto évoque « des sorties orchestrées sur les réseaux sociaux et dans la presse par des figures identifiables du RDPC », qui viseraient à créer une atmosphère de tension intercommunautaire. Il met en garde contre les risques d’embrasement que cela pourrait entraîner, rappelant le lourd tribut payé dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest après neuf ans de conflit armé.
Appel à l’unité et à la vigilance électorale
Dans un appel solennel, le candidat à la présidentielle lance un cri du cœur aux populations du Grand Nord : « Ne cédez pas aux manœuvres honteuses d’un régime incompétent et désorienté, qui redoute la sanction électorale du peuple. » Pour lui, l’heure est à l’inscription massive sur les listes électorales, à la mobilisation pacifique et à la vigilance totale lors du scrutin.
Il exhorte également les militants du RDPC originaires du Grand Nord à ne pas se laisser instrumentaliser par la rhétorique de la division. « Ils ne doivent pas répondre aux sirènes de la haine et de la division que leurs dirigeants politiques entonnent depuis Yaoundé », insiste-t-il.
Construire le Cameroun avec toutes ses composantes
Au-delà de la dénonciation, Maurice Kamto affirme son engagement à porter le projet d’un Cameroun uni, où toutes les communautés comptent. Il promet d’être le « messager de l’unité foncière, structurelle et ontologique » du pays. Un message fort, chargé d’émotion, à l’endroit des populations du Grand Nord, mais aussi de toutes les autres régions du pays.
En ce sens, il tend la main à la jeunesse et aux forces vives du Grand Nord pour « relever ensemble le défi de la construction nationale ». Pour lui, l’alternance est non seulement possible, mais désormais inévitable.
Maurice Kamto dans la posture de rassembleur
À quelques mois de l’échéance présidentielle d’octobre 2025, cette sortie du leader du MRC intervient dans un climat politique tendu, où chaque geste est scruté. L’annonce de candidature à cette élection de deux ministres issus du Grand Nord, pour des raisons encore floues, a ajouté à la confusion. Certains y voient un malaise grandissant au sein même du régime, d’autres une tentative calculée de repositionnement.
Dans tous les cas, la déclaration de Maurice Kamto renforce sa posture de rassembleur et d’homme d’État soucieux de prévenir toute dérive dangereuse pour l’unité nationale. Sa volonté affirmée de bâtir avec toutes les régions, dans le respect de leur diversité, contraste fortement avec les accusations portées contre le régime RDPC qu’il qualifie de « réactionnaire » et « diviseur ».
En somme, cette prise de parole marque un tournant dans la campagne électorale qui s’amorce. Le Grand Nord, longtemps marginalisé dans les décisions politiques majeures, pourrait bien devenir, en octobre prochain, l’un des arbitres décisifs de l’avenir du Cameroun.
Etienne TASSE