A quelques mois de l’élection présidentielle d'octobre 2025, le débat sur la candidature de Maurice Kamto enfle de plus en plus. Alors que les partisans du pouvoir de Yaoundé invente des obstacles juridiques qui pourraient invalider cette candidature, une vérité éclate au grand jour : ce coup de force politique piétinerait la Constitution camerounaise et les engagements internationaux du pays.
Les militants du RDPC, parti au pouvoir, se servent de l’article 121 du Code électoral comme une arme juridique fabriquée de toutes pièces pour pousser à l’invalidation de la candidature du Pr Maurice Kamto lors de l’élection présidentielle d’octobre 2025. Le cœur de ce mensonge bat dans une interprétation frauduleuse de l’alinéa 2 de cet article. Le RDPC et ses soutiens avancent que le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Kamto, absent des législatives de 2020, ne serait pas "représenté" dans les assemblées. Pourtant, cette lecture torpille délibérément l’esprit même de la Constitution qu’elle prétend servir.
La constitution camerounaise prise en otage
L’article 15 de la loi fondamentale camerounaise est sans équivoque : il interdit le mandat impératif, protégeant ainsi le droit des élus à changer d’affiliation politique sans perdre leur siège. Le système camerounais consacre donc une démocratie personnalisée, où seuls les individus élus (Président, parlementaires, élus locaux) sont reconnus comme représentants du peuple. Les partis n’y sont que des outils temporaires de mobilisation électorale, sans existence constitutionnelle propre. Cette architecture juridique fait qu’aucun parti n’est "représenté" dans les institutions. Seul le peuple, via ses élus, l’est. C‘est pour cette raison que les éminents juristes tels que les Professeurs Moïse Timtchueng et Jean Calvin Abaa Oyono estiment que l’article 121 alinéa 2 est inconstitutionnelle et par conséquent, ne devrait pas être appliqué. Le Professeur Moïse Timtchueng défend avec rigueur la légitimité de la candidature de Maurice Kamto à l'élection présidentielle de 2025. Ses arguments, fondés sur une analyse stricte du droit camerounais et des principes démocratiques, démontent point par point les tentatives d'exclusion. Invalider la candidature de Kamto violerait l’article 2 de la Constitution sur l’égalité des droits politiques et l’article 13 alinéa 2 garantissant l’accès aux fonctions publiques. Le pouvoir transformerait ainsi l’État de droit en pantin manipulé.
La trahison des engagements internationaux : une honte africaine
Si cette manœuvre aboutit, elle constituerait une gifle aux traités que le Cameroun a librement ratifiés. La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples crierait cette injustice : son article 13 alinéa 1 garantit le droit de “participer librement à la direction des affaires publiques". Empêcher Kamto de se présenter, c’est enterrer ce droit fondamental. Pire encore, l’article 3 exige "une totale égalité devant la loi" – un principe bafoué lorsqu’on invente une exclusion sur mesure. Quant à l’article 9, il rappelle que la liberté d’expression inclut le droit des citoyens à choisir librement leurs candidats, choix qu’on cherche à confisquer.
Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques enfonce le clou de cette illégalité. L’article 25 garantit le droit de "voter et d’être élu" sans "restrictions déraisonnables". Exclure un opposant majeur – qui recueillit 14% des voix en 2018 – relève de la répression politique déguisée en procédure. Cette forfaiture étouffe aussi l’article 19 sur la libre circulation des idées, transformant l’élection en mascarade sans pluralisme.
La charte africaine de la démocratie
La Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance dresse un réquisitoire implacable. Son article 3 exige des institutions permettant une compétition équitable – exigence sabotée par les barrières artificielles ainsi érigées. Plus cinglant encore, l’article 17 condamne explicitement "toute mesure visant à limiter la participation politique des opposants". Chaque argument du RDPC et ses soutiens se brise ainsi contre le roc des textes que le Cameroun a solennellement épousés.
Le droit international impose un cadre strict à toute restriction des droits politiques : elle doit être prévue par une loi claire, légitime et nécessaire. L’exclusion de Kamto échoue sur ces trois fronts. L’article 121 ne mentionne nulle part l’obligation d’avoir participé aux élections précédentes – cette condition sort tout droit de l’imagination du parti au pouvoir. Aucun impératif de sécurité nationale ne justifie d’écarter un candidat pacifique. Enfin, refuser une candidature populaire sape la légitimité même du scrutin, rendant la mesure profondément disproportionnée.
La criminalisation de l’opposition : une dérive inquiétante
Cette machination s’accompagne d’une judiciarisation alarmante. Une plainte fantôme a été déposée contre Kamto au tribunal militaire de Yaoundé par l’Observatoire du développement sociétal (ODS), entité notoire pour ses poursuites ciblées contre les défenseurs des droits humains. Cette instrumentalisation de la justice viole sauvagement l’article 5 de la Charte africaine interdisant "toute forme d’avilissement de l’homme" et l’article 7 sur le droit à un procès équitable. Dans le même temps, les médias publics transforment ce débat en campagne de désinformation, piétinant le droit des citoyens à une information impartiale garanti par l’article 9.
Chaque jour qui passe où cette injustice persiste est un coup de poignard porté à l’âme du Cameroun. Rejeter Kamto reviendrait à assassiner l’article 13 de la Constitution sur la participation politique, violer les articles 3, 9 et 13 de la Charte africaine, piétiner l’article 25 du PIDCP, et légitimer un coup d’État électoral. Derrière les arguties juridiques se cache une vérité crue : on veut priver un peuple de son choix, voler à des millions de Camerounais le droit de rêver d’une alternance.
Agonie démocratique ou sursaut national ?
La communauté internationale ne peut plus détourner le regard devant la préparation d’une mascarade. Les citoyens camerounais sentent monter en eux la colère sacrée de ceux qu’on veut déposséder de leur destin. Si Kamto est exclu, cette présidentielle ne sera qu’un enterrement de première classe pour les droits humains au Cameroun. Le temps est venu de crier cette évidence : la candidature de Maurice Kamto n’est pas négociable, elle est un droit inaliénable, un test décisif pour la démocratie camerounaise.
DEJIO M.