Alors que le monde célèbre ce 15 mars la Journée internationale de lutte contre l’islamophobie, le Cameroun, terre de diversité religieuse, se joint à l’effort global pour combattre cette forme de haine. Mais qu’est-ce que l’islamophobie, et pourquoi une journée dédiée à son éradication ? Décryptage.
L’islamophobie, un terme qui résonne tristement dans l’actualité mondiale, désigne la peur, les préjugés et la haine envers les musulmans. Cette hostilité se manifeste par des actes de discrimination, de harcèlement, voire de violence, tant en ligne que hors ligne. Elle touche non seulement les pratiquants de l’islam, mais aussi des non-musulmans perçus comme tels en raison de leur apparence, de leur origine ou de leur nom. L’islamophobie, souvent alimentée par des stéréotypes et des peurs irrationnelles, est considérée par de nombreux experts comme une forme de racisme structurel et culturel.
Une menace pour la cohésion sociale
L’islamophobie ne se limite pas à des actes individuels. Elle s’enracine dans des discours politiques, médiatiques et institutionnels qui présentent l’islam comme une menace pour les valeurs occidentales. Cette stigmatisation a été exacerbée par les attentats terroristes du 11 septembre 2001 et d’autres actes de violence commis au nom de l’islam. Pourtant, comme le rappelle l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le terrorisme ne peut être associé à aucune religion, nationalité ou civilisation.
Face à cette montée inquiétante de l’intolérance, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 15 mars Journée internationale de lutte contre l’islamophobie. Cette décision, adoptée en 2022, vise à sensibiliser le public, promouvoir le dialogue interreligieux et renforcer les mesures de protection des droits humains. Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a souligné que cette journée s’inscrit dans un effort plus large pour combattre toutes les formes de haine, y compris l’antisémitisme et la christianophobie.
Un droit humain fondamental
La lutte contre l’islamophobie est indissociable du respect des droits fondamentaux. Le PIDCP, ratifié par le Cameroun, garantit la liberté de religion, d’expression et de réunion pacifique. Ces droits, interdépendants, sont essentiels pour prévenir les discriminations et promouvoir la paix sociale. Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a récemment appelé les États à garantir un espace sûr pour le débat et la participation, conformément au PIDCP. Il a également condamné la recrudescence des discours de haine en ligne et hors ligne, notamment depuis le conflit à Gaza.
Des mesures concrètes pour un avenir inclusif
Au Cameroun, pays où coexistent islam et christianisme, la célébration de cette journée offre l’occasion de renforcer la cohésion nationale. Les autorités, en collaboration avec la société civile, peuvent mettre en œuvre des campagnes de sensibilisation pour dissiper les préjugés et promouvoir une culture de tolérance. Comme le recommande la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la liberté de religion, Nazila Ghanea, il est crucial d’harmoniser les lois nationales avec les normes internationales et de protéger les minorités religieuses.
En cette Journée internationale de lutte contre l’islamophobie, le Cameroun a l’opportunité de réaffirmer son engagement en faveur des droits humains et de la diversité. Car, comme le rappelle l’ONU, la paix ne peut être durable sans le respect des croyances de chacun.
DEJIO M.