Maurice Kamto vs Paul Atanga Nji : Une démocratie à sauver

Maurice Kamto vs Paul Atanga Nji : Une démocratie à sauver

Alors que le Cameroun se prépare pour l’élection présidentielle de 2025, les accusations de fraudes électorales et les menaces politiques s’intensifient. Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), dénonce une ingérence des étrangers orchestrée par le régime en place. Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, réplique avec des menaces d’emprisonnement. Dans ce climat de tension, les textes fondamentaux comme le Code électoral camerounais, la Charte africaine de la démocratie et le Pacte international relatif aux  droits civils et politiques (PIDCP) semblent mis à mal.

Dans un communiqué incendiaire daté du 27 février 2025, Maurice Kamto, président national du MRC et candidat déclaré à la présidentielle, accuse les autorités camerounaises de manipuler le processus électoral. Selon lui, le trio ELECAM, la Délégation générale de la sûreté nationale (DGSN) et le RDPC au pouvoir orchestreraient des fraudes massives en enrôlant des étrangers sur les listes électorales.

Le mécanisme décrit est glaçant : des ressortissants étrangers se verraient délivrer de « vraies-fausses» cartes nationales d’identité, puis seraient inscrits sur les listes électorales par ELECAM. Le jour du vote, ces «vrais-faux électeurs» voteraient frauduleusement avec des cartes d’électeurs conservées par les élites locales du RDPC. Kamto dénonce une « trahison» envers le peuple camerounais, qui lutte pour un avenir démocratique.

Paul Atanga Nji contre-attaque 

Face à ces accusations, Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, réplique avec virulence. Qualifiant Kamto de «politicien véreux», il le menace d’un nouvel emprisonnement si ce dernier persiste à « dresser les Camerounais les uns contre les autres». Atanga Nji agite la menace d’un «séjour long» en prison, rappelant l’incarcération précédente de Kamto après la présidentielle de 2018.

Le ministre va plus loin en mobilisant le commandement territorial pour surveiller les faits et gestes des opposants. «Aucun écart de comportement ne sera toléré», prévient-il, insinuant que même l’immunité parlementaire ne protégerait pas les élus en cas de «flagrant délit». Cette sortie musclée s’inscrit dans une escalade des tensions entre le régime et l’opposition, exacerbée par les demandes répétées de publication du fichier électoral national.

Les droits humains  violés, une démocratie en péril

Derrière ces accusations et ces menaces, ce sont les fondements mêmes de la démocratie camerounaise qui sont ébranlés. Le Code électoral camerounais, en particulier son article 80, est ouvertement bafoué. Cet article prescrit : «A l'issue des opérations de révision, et au vu des documents et données communiqués par les démembrements régionaux d'Elections Cameroon, le Directeur Général des Elections établit et rend publique la liste électorale nationale au plus tard le 30 décembre». Pourtant, la coalition ELECAM, Tribunal de Grande Instance du Mfoundi, Conseil Constitutionnel et RDPC semble tout faire pour empêcher cette transparence.

La Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, ratifiée par le Cameroun, est également violée. Cette charte exige des élections libres, transparentes et crédibles, ainsi que la protection des droits des citoyens à participer au processus démocratique. En permettant l’enrôlement d’étrangers, si l'information est avérée, et en menaçant les opposants, le pouvoir piétine ces principes fondamentaux.

Enfin, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), dont le Cameroun est signataire, est mis à mal. Ce texte garantit le droit de vote et d’éligibilité, ainsi que la liberté d’expression et de réunion. Les menaces proférées contre Maurice Kamto et les autres opposants constituent une violation flagrante de ces droits.

2025 : l’avenir du Cameroun en jeu

Alors que l’élection présidentielle de 2025 approche, les enjeux sont colossaux. Le Cameroun, pays riche de sa jeunesse, se trouve à un carrefour décisif. Les accusations de fraudes et les menaces d’emprisonnement plongent le pays dans une atmosphère de défiance et de peur. 

Maurice Kamto appelle les représentations diplomatiques des pays voisins à dissuader leurs ressortissants de participer à ces fraudes. «Les Camerounais sont hospitaliers, mais ils n’accepteront pas que des étrangers faussent leur avenir», prévient-il. Dans un pays où la démocratie est déjà fragile, des manipulations d’où qu’elles viennent, pourraient être la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Le Cameroun est à un tournant critique. Les violations du Code électoral, de la Charte africaine et du PIDCP, à l’instar de la non publication de la liste électorale nationale, menacent de transformer l’élection de 2025 en une farce démocratique. Face à ces dérives, le peuple camerounais, résilient et fier, doit se mobiliser pour défendre ses droits et exiger des élections libres et transparentes. Comme l’a si bien dit Maurice Kamto, « les Camerounais entendent être les seuls à choisir leurs dirigeants». En cette année cruciale, l’avenir du pays repose entre les mains de ses citoyens. La démocratie, telle une flamme vacillante, doit être protégée avant qu’elle ne s’éteigne à jamais.

DEJIO M.