Trois personnes ont été kidnappées dans la région de l’Adamaoua. Un phénomène en recrudescence qui met en lumière les failles sécuritaires et les violations des droits humains. Alors que les ravisseurs exigent une rançon exorbitante, les forces de défense peinent à contenir cette menace transfrontalière.
Depuis le 10 février dernier, trois membres d’une famille sont détenus contre leur gré par des ravisseurs dans la localité de Méré, située dans le parc de Faro, département du Faro et Déo, région de l’Adamaoua. Selon des sources sécuritaires, une rançon de 12 millions de Francs Cfa est exigée pour leur libération. Cet acte constitue une violation flagrante des droits fondamentaux garantis par le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDCP) ainsi que par les lois camerounaises.
L’article 9 du PIDCP stipule que « nul ne peut faire l’objet d’une arrestation ou d’une détention arbitraire ». Or, ces personnes sont privées de liberté sans aucune base légale, ce qui constitue un enlèvement illégal. De plus, l’article 584 du Code pénal camerounais punit sévèrement les actes de prise d’otage et de séquestration.
Absence de protection de l’État
Les ravisseurs, soupçonnés d’être des groupes armés transfrontaliers, profitent de la porosité des frontières avec la République Centrafricaine, le Nigeria et le Tchad pour s’infiltrer en territoire camerounais. Cette situation met en lumière l’incapacité des autorités à garantir la sécurité des citoyens, en violation de l’article 12 du PIDCP qui reconnaît le droit de toute personne à circuler librement et à résider en sécurité dans son pays.
Recrudescence des enlèvements
Le 17 février 2025, deux autres personnes ont été kidnappées près de Ngaoundéré. Sous la pression militaire, les ravisseurs ont libéré un otage, tandis qu’un autre a réussi à s’échapper. Toutefois, ces actes criminels persistent, notamment en saison sèche, période où les cours d’eau asséchés facilitent les déplacements des ravisseurs avec leurs otages.
Réaction des forces de défense
Face à cette insécurité grandissante, les forces de défense camerounaises ont intensifié les patrouilles et les opérations pour tenter de retrouver les victimes et neutraliser les ravisseurs. Un soldat du 5e Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) assure : « Nous sommes sur leurs traces et nous ne sortirons pas d’ici sans avoir obtenu un résultat ». Toutefois, l’interdiction de poursuite au-delà des frontières nationales limite considérablement leur champ d’action.
Appel au respect des droits humains
L’État du Cameroun, en tant que signataire du PIDCP et garant de la protection de ses citoyens, se doit de renforcer la sécurité dans ces zones sensibles et de poursuivre les auteurs de ces actes devant la justice, conformément au Code de procédure pénale. En effet, l’article 1er du Code de procédure pénale camerounais stipule que toute personne a droit à la protection contre les atteintes à sa liberté individuelle.
Les organisations de défense des droits humains appellent les autorités à prendre des mesures plus efficaces pour garantir le respect des droits fondamentaux et assurer la sécurité des populations vivant dans les zones frontalières.
Francis EBOA
Etienne TASSE