Agression d’un militant du MRC dans le Sud : la victime fait un témoignage glaçant

Agression d’un militant du MRC dans le Sud : la victime fait un témoignage glaçant

À Nkout 2, un village de Sangmélima dans la région du Sud, M. Sakaria Pierre, militant du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), a été sauvagement battu par le chef traditionnel du village. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, la victime raconte les violences physiques et psychologiques qu’il a subies en raison de son appartenance politique. Ce témoignage choquant met en lumière des violations graves des droits humains et interpelle l’État camerounais, garant du respect des libertés fondamentales.

 

Dans un récit poignant, M. Sakaria Pierre, résident de Nkout 2, décrit les violences qu’il a endurées de la part du chef traditionnel du village et de ses acolytes. Ces actes, motivés par son appartenance au parti d’opposition MRC, soulèvent des questions cruciales sur le respect des droits humains et la liberté d’expression au Cameroun. Alors que le pays se prépare pour l’élection présidentielle d’octobre 2025, ce cas illustre les tensions politiques et les risques encourus par les militants de l’opposition.

Une agression brutale
Dans sa vidéo, M. Sakaria Pierre raconte avec émotion les événements qui ont marqué son calvaire : « Le chef de 3e degré de Nkout est venu m’agresser directement sur mon lieu de service. Il a dit que c’était parce que je suis membre du parti MRC. Il m’a donné 72 heures pour quitter son village, Nkout 2.» 
Il décrit ensuite les violences physiques : « Ils m’ont arrêté, et le chef a pris un serre-joint qu’il a placé autour de mon cou. J’ai réussi à me dégager, mais ils m’ont frappé avec le serre-joint partout sur le corps». Les représailles se sont poursuivies chez lui . Ainsi, poursuit-il, « Ils sont allés chez moi, ont envahi ma chambre et ont tout fouillé pour chercher les tricots du MRC. Heureusement, le tricot que je porte actuellement, je l’avais caché au fond du matelas. Ma chambre est encore en désordre à l’heure où je vous parle».

Son calvaire ne s’est pas arrêté là.  « Après cela, ils m’ont emmené à la chefferie. Là-bas, ils m’ont mis à plat ventre et ont continué à me frapper avec le serre-joint. Tout mon corps me fait mal, de la tête aux pieds. J’ai mal partout. »

Une atteinte à la dignité humaine
Les actes subis par M. Sakaria Pierre, militant du MRC, constituent des violations flagrantes de plusieurs textes juridiques nationaux et internationaux.

La Constitution de la République du Cameroun garantit les droits fondamentaux de ses citoyens. Bien que l'article 2 ne traite pas spécifiquement de la liberté d'expression et d'association, le préambule de la Constitution stipule que "l'État garantit à tous les citoyens de l'un et de l'autre sexe, les droits et libertés énumérés au Préambule de la Constitution". Parmi ces droits figurent la liberté d'expression et la liberté d'association. L'agression de M. Sakaria et la destruction de la plaque du MRC par le chef traditionnel de Nkout 2 portent atteinte à ces libertés fondamentales.

Au niveau international, le Cameroun est signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). L'article 7 de ce pacte stipule : "Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants" . L'agression physique subie par M. Pierre constitue une violation directe de cette disposition, compromettant son intégrité physique et sa dignité humaine.

De plus, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, en son article 2, impose aux États parties l'obligation de prendre des mesures efficaces pour prévenir et sanctionner la torture. Elle stipule : "Chaque État partie prend des mesures législatives, administratives, judiciaires ou autres mesures efficaces pour empêcher que des actes de torture soient commis sur tout territoire sous sa juridiction" .  

La responsabilité de l’État
En tant que garant du respect des droits humains, l’État camerounais a l’obligation de protéger ses citoyens contre de telles exactions. Pourtant, l’absence de réaction officielle face à ces événements interpelle. Les autorités doivent enquêter sur ces faits, poursuivre les responsables et garantir que de tels actes ne se reproduisent pas.

Le cas de M. Sakaria Pierre n’est pas isolé. Il s’inscrit dans un contexte plus large de tensions politiques, notamment à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025.

 Un cri d'alarme 
Le témoignage de M. Sakaria Pierre est un cri d’alarme. Il met en lumière les risques encourus par les militants politiques de l’opposition et rappelle l’urgence de renforcer les mécanismes de protection des droits humains au Cameroun. L’État doit agir pour garantir que de tels actes ne restent pas impunis et que la liberté d’expression et d’association soit respectée. Le témoignage de M. Sakaria Pierre résonne comme un appel à la justice et à la dignité, pour lui et pour tous ceux qui subissent des violences similaires.

Etienne Tassé