Les gendarmes accusés d’avoir torturé à mort un citoyen

Les gendarmes accusés d’avoir torturé à mort un citoyen

Jean Claude Fogno secrétaire exécutif de l’Ong Mandela Center, est attendu ce 30 aout 2023 au secrétariat d’Etat à la défense chargé de la gendarmerie nationale pour être auditionné. Cet activiste dans la défense des droits de l’homme a déposé une plainte contre le commandant de la brigade territoriale d’Etoudi et contre les gendarmes de ce service suite à la mort d’un électricien âgé de 41 ans. La plainte de l’Ong Mandela a été également déposée au tribunal militaire de Yaoundé.  L’audition du secrétaire exécutif de Mandela Center entre dans le cadre d’une enquête prescrite par le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la défense suite à ce décès. Selon un communiqué publié par «  Nouveaux droits de l’Homme » et « Mandela Center international »,  cet artisan a trouvé la mort le 19 juillet 2023 aux urgences de l’hôpital général de Yaoundé.  Olivier Ndongo Bilogo, la victime, sortait d’une garde à vue abusive. Yannick Nguina, son frère, espère que cette plainte aboutira à l’interpellation des suspects afin qu’ils puissent répondre de leurs actes.

 L’électricien, qui affichait une santé de fer avant son interpellation, a été arrêté  sans mandat ni convocation le 1er juin 2023 par les éléments de la brigade de gendarmerie  territoriale de Yaoundé 1er au quartier Etoudi. Il a été placé en garde à vue sans être auditionné ni avoir pris connaissance de  la plainte déposée contre lui. Son interpellation est liée à une affaire de colis qu’il devrait transmettre à une dame dans un hôtel. Au cours de cette garde à vue sans aucun titre, il a été violemment frappé à la tête à plusieurs reprises par les gendarmes, puis libéré, quatre jours après,  grâce  l’intervention de ses proches auprès d’un magistrat. Il n’était pas en bonne santé lorsqu’il a recouvré la liberté, car il présentait plusieurs hématomes sur le corps. Les urgences de l’hôpital général de Yaoundé,  où il a été  conduit, a diagnostiqué des « Hématomes intra-parenchymateux temporel ». Des examens approfondis ont révélé un lien entre ces blessures et sa garde à vue abusive. Avant son interpellation, il n’avait aucun problème de santé. 

Les responsables de la brigade incriminée n’ont pas voulu s’exprimer sur cette affaire. L’Ong Mandela Center international dénonce la violation de l’article  7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui dispose : « Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants » 

 

Une impunité grandissante

Les cas de décès liés aux mauvaises conditions de détention dans les brigades et gendarmeries ne cessent d’augmenter depuis des années au Cameroun. 

En 2021, un jeune cultivateur est décédé en garde à vue dans la brigade de gendarmerie de Pouma dans le littoral. Le 13 octobre 2021, un conducteur de moto avait trouvé la mort à la brigade de gendarmerie de Mboppi à Douala. En 2020, un chauffeur de taxi est décédé quelques heures après avoir été libéré de la brigade de Ngousso où il avait été placé en détention abusive. Les poursuites judiciaires engagées par les familles et les associations de défense des droits de l’homme tardent et ne permettent pas aux proches des victimes d’avoir réparation. Ces cas de maltraitance, de plus en plus enregistrés dans les brigades, sont la conséquence de l’impunité dont jouissent leurs auteurs : elle encourage les violations des droits humains dans ces lieux officiels. Car lorsque les auteurs des violations ne sont pas tenus responsables de leurs actes et ne font pas l’objet de poursuites judiciaires cela envoie un message selon lequel de tels actes peuvent être commis sans conséquences. L’impunité peut affaiblir la confiance de la population dans les institutions chargées de protéger les droits humains tels que les forces de sécurité et le système judiciaire. Cela peut conduire également à une détérioration de l’Etat de droit. Il est primordial de lutter contre l’impunité en garantissant que les auteurs de violations des droits de l’homme soient tenus pour responsables de leurs actes à travers des procès équitables.

Prince Nguimbous (Jade)