Les avocats des sécessionnistes craignent pour leur sécurité

Les avocats des sécessionnistes craignent pour leur sécurité

Yaoundé.  Deux avocats chargés d’assurer la défense des personnes poursuivies pour les faits de sécession ont été victimes d’un cambriolage. Ils sollicitent la protection de l’État en tant que  défenseurs des droits de l’homme.

Me Amungwa Tanyi et son confrère Emmanuel Pekum ont saisi la brigade de gendarmerie de Mvog-Beti à Yaoundé pour cambriolage dans  la nuit du 14 au 15 aout. Des individus ont visité les locaux qui abritent le bureau de liquidation d’Equity Trust finance, locaux dans lesquels les deux avocats ont installé depuis 2019 leurs cabinets. Depuis, ces deux avocats vivent dans la peur. 

« Nous n’avons pas d’argent pour garder dans un cabinet d’avocats et cela me pousse à m’interroger sur ce qui peut pousser les malfrats à perpétrer un cambriolage dans nos services. Ces malfrats recherchaient-ils les documents ou bien c’est un message fort qu’ils veulent nous passer », déclare

Au cours du cambriolage, deux ordinateurs portables ont été emportés. Avec ce cambriolage, les deux avocats de Sissiku AyuK Tabe, le président déclaré de l’Etat imaginaire de l’Ambazonie emprisonné à Kondengui et plusieurs autres présumés sécessionnistes les difficultés pour  assurer la défense de leurs clients poursuivis devant le tribunal militaire de Yaoundé pour les faits présumés de sécession. « Les deux ordinateurs contenaient plusieurs dossiers liés à la défense de nos clients notamment les journalistes. On a également emportés deux sacs qui contenaient les procès-verbaux d’audition de nos clients. Avec ce cambriolage, nous aurons de sérieuses difficultés à fournir certaines pièces devant le tribunal militaire de Yaoundé. Un enquêteur de la brigade de Mvog Beti où l’enquête a été ouverte affirme que les recherches des suspects sont en cours.  

L’urgence d’une protection des défenseurs

Face à cette situation, Me Amungwa interpelle les autorités à assurer la sécurité des avocats et  les responsables d’Ong chargés d’enquêter sur les violations des droits de l’homme. Au regard de la sensibilité des dossiers que défendent ces avocats, ils devraient bénéficier  d’une protection de l’Etat. Le Cameroun est tenu de protéger les défenseurs des droits de l’homme en vertu du droit international des droits de l’homme.

En tant qu’Etat partie à plusieurs instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, le Cameroun a l’obligation de respecter, de protéger et de garantir les droits fondamentaux de tous les individus, y compris les défenseurs des droits de l’homme comme le pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par le Cameroun en 1948 , un document qui garantit les droits civils et politiques, y compris la liberté d’expression, la liberté d’association et le droit à un procès équitable.

Il y a également la Déclaration des Nations-Unies sur les défenseurs des droits de l’homme, adoptée en 1998. Cette déclaration reconnait le rôle crucial des défenseurs des droits de l’homme dans la promotion et la protection des droits fondamentaux. Elle énonce également les principes de protection, de soutien et de reconnaissance des défenseurs des droits de l’homme. 

« Il est important de souligner que la Protestation des défenseurs des droits de l’homme ne se limite pas à la ratification des instruments, mais doit également être mise en œuvre par les autorités nationales. Le gouvernement, les forces de sécurité et le système judiciaire ont la responsabilité de prévenir les violations des droits humains, de mener des enquêtes impartiales sur les actes de violence, d’intimidation,  et de traduire les auteurs en justice », affirme Etienne Tasse, responsable du Projet Presse Libre pour promouvoir les droits humains (PLPH).

Après avoir été interpellé en 2021 Me Amungwa avait été placé en garde à vue au secrétariat d’Etat à la défense chargé de la gendarmerie. Il avait été interpellé sous prétexte que son téléphone contenait des images de « propagande sécessionniste ». L’avocat avait été relaxé deux semaines après avant d’être inculpé par le tribunal militaire de Yaoundé de propagande sécessionniste. L’avocat s’inquiétait des persécutions judiciaires dont il faisait l’objet et avec le cambriolage perpétré cette semaine, il dit être de plus en plus inquiet pour sa vie.

Prince Nguimbous (Jade)