Maltraitance. Un régisseur de prison accusé d’avoir torturé  un détenu

Maltraitance. Un régisseur de prison accusé d’avoir torturé  un détenu

Une plainte a été déposée au parquet de Ntui. Le mis en cause qui dénonce un sabotage est  soupçonné d’avoir donné 600 coups de machette à la plante des pieds d’un détenu.

Thomas Ntep se remet petit à petit de ses blessures suite à un « traitement inhumain », dont il a été victime  au moment de son transfert de la prison d’Eséka dans le Nyong –Ekéllé à celle de Yoko dans le Mbam et Kim.  C’est en septembre 2023 que ces actes de maltraitance, attribués par la famille du détenu à l’ancien régisseur de la prison d’Eséka, aujourd’hui en service à la prison de Monatélé, ont eu lieu. 

Me Daniel Ngambi,  avocat de Thomas Ntep  affirme qu’au moment où son client était en train d’être transféré de la prison d’Eséka pour Yoko, il  a été bastonné à plus de 600 coups de machettes sur les plantes de pieds. Après ces actes de torture, l’avocat précise que son client déféquait et vomissait sur place. « Nous avons été obligés de le transporter à l’hôpital pour les soins », affirme l’avocat qui ajoute qu’une plainte pour tortures et blessures a été déposée au parquet de Ntui contre le régisseur de la prison d’Eséka. 

Bastonné 74 fois

Thomas Ntep a passé 8 mois en isolement et été bastonné 74 fois par le régisseur d’Eseka. Il a été placé dans une cellule sans lumière pendant trois jours d’affilés. Sur le certificat médical délivré le 26 juin dernier par le Dr Bertrand Aroga Afian, médecin en service à l’hôpital de district de Yoko, le patient Thomas Ntep « présente une pathologie sévère, nécessitant un suivi en milieu spécialisé en urgence et service d’hépato-gastro-entérologie ». Finalement, l’avocat de Thomas Ntep a réussi à saisir le procureur de Ntui. Sa plainte a été transférée à la Division régionale de la police judiciaire du Centre pour enquête. L’avocat explique que le transfert de son client pour la prison de Yoko se justifie par les démêlés qu’il avait avec  le régisseur. 

L’avocat de Thomas Ntep ajoute que pendant le séjour de son client à la prison d’Eséka, ce dernier s’est vu extorqué plus de six millions F.Cfa,, selon les membres de la famille. Les actes dénoncés par la famille de Thomas Ntep violent l’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui dispose : « Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Enparticulier, il est interdit de soumettre une personne sans son libre consentement à une expérience médicale ou scientifique ».

En plus de la plainte déposée contre le régisseur de la prison principale d’Eséka, une lettre ouverte a été adressée au président de la République par les proches de Thomas Ntep. Dans cette correspondance, il est mentionné « Excellence Monsieur le Président de la République, par notre plume, nous nous permettons de vous saisir, afin d’exposer à vos yeux les graves injustices et tortures dont fait l’objet notre frère depuis des lustres. C’est en effet las de toutes ces misères à lui infligées par le système judiciaire de notre cher et beau pays, que nous avons décidé, malgré les menaces qui pleuvent sur nous, de vous en faire cas. Père de la Nation, donc Père de tous les Camerounais, nous osons croire que nos sanglots trouveront grâce à vos yeux »

Le régisseur nie

Lionel Huislem Taneke, ancien régisseur de la prison d’Eséka rejette les affirmations des proches de Thomas Ntep et de son avocat : « Lorsqu’on veut vous salir, on est prêt à tout. Je ne me reconnais pas dans ces allégations qui sont véhiculées par les proches de ce détenu. J’apprends qu’une enquête a été ouverte. Attendons tous les résultats de l’enquête », a affirmé l’ancien régisseur de Monatélé.

Thomas Ntep a été interpellé le 25 mai 2022 par des éléments du secrétariat d’Etat à la Défense chargée de la gendarmerie, au quartier Mendong à Yaoundé. Selon des témoignages, il semble que ce jour-là, Thomas Ntep était à bord de son véhicule. « Il avait dans sa voiture : des objets de luxe et appareils téléphoniques. Il faisait aussi dans la vente en ligne. Quand on l’a arrêté, l’un de ses proches  a dit que le procureur d’Eseka a demandé qu’il prenne le véhicule. Jusqu’à aujourd’hui, on ne sait pas où est passé ce véhicule et ce qu’il y avait dedans », précise la famille Ntep. Il a été condamné le 12 janvier 2021 à deux ans d’emprisonnement ferme et à 15 millions de dépens et 300 millions de dommages et intérêts à verser à la partie civile.

Prince Nguimbous (Jade)