15 ans de prison ferme pour un défenseur des droits de l’homme

15 ans de prison ferme pour un défenseur des droits de l’homme

Les Ong fragilisées. Adamou Wakiri, président d’une association de défense des droits de l’homme a été condamné le 21 septembre 2022 à 15 ans de prison ferme. Le verdict a été rendu par le tribunal militaire de Yaoundé, qui s’en prend au travail des Ong.

Le président de Menchum cartel association, une association de défense des droits de l’homme a été reconnu coupable de financement d’actes de terrorisme et faits d’actes de terrorisme. Le militant des droits de l’homme, membre de la communauté des minorités Mbororos et président des éleveurs dans le département de la Menchum, était poursuivi devant cette juridiction spéciale depuis octobre 2021. On lui reproche entre autres d’avoir volé les bœufs d’un opérateur économique pour aller les vendre au Nigéria. Le juge a estimé que l’argent issu de la vente des bœufs a servi à l’achat d’armes au bénéfice des séparatistes dans le but de combattre les forces de défense et de sécurité. Selon le représentant du ministère public, la décision du juge a été motivée par un lien qu’entretenait Adamou Wakiri avec les séparatistes. Raison pour laquelle il a été condamné à 15 ans d’emprisonnement ferme.

 Il était aussi accusé d’avoir saccagé l’agence d’une entreprise de téléphonie mobile dans la ville de Wum (région du Nord-Ouest(.  Son cas s’est aggravé  devant la barre lorsqu’il s’est présenté en août dernier  devant le tribunal comme responsable d’une Ong de défense des droits de l’homme. L’avocat d’Amadou Wakiri, qui dénonce un verdict inique, a promis de faire appel dans les délais. Depuis la condamnation d’Amadou Wakiri, les responsables d’associations de défense des droits de l’homme sont inquiets de cette lourde peine et dénoncent une justice rendue pour fragiliser le travail abattu par les responsables d’Ong.

Non respect des droits civils et politiques

 Me Alima l’avocat du défenseur des droits de l’homme condamné affirme que le verdit tendu par le tribunal militaire viole l’article 18 du pacte international relatif aux droits civils et politiques qui stipule que : «  Nul ne subira de contrainte pouvant porter atteinte à sa liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix ».

Cyrille Rolande Bechon, directrice exécutive de Nouveaux droits de l’homme dénonce cette décision rendue par un tribunal militaire : « Nous dénonçons les menaces  des membres du gouvernement  contre les défenseurs des droits de l’homme. Nous ne sommes pas contre la justice, mais nous voulons une justice crédible et indépendante qui dit le droit. Le tribunal militaire qui juge les civils pour les faits de terrorisme sur la base d’une loi qui cible notamment les défenseurs des droits de l’homme et les leaders d’opinion comme les journalistes organise un véritable recul de la liberté », affirme la présidente de Nouveaux droits de l’homme qui dénonce l’acharnement des autorités sur les défenseurs des droits de l’homme. C’est une lourde décision rendue par le tribunal militaire de Yaoundé au sujet des personnes poursuivies pour les faits de terrorisme. Le journaliste Mancho Bbc avait également écopé d’une condamnation de 15 ans pour avoir manifesté avec un cercueil dans la ville de Bamenda.

Le travail des Ong saboté

La décision rendue par le tribunal militaire de Yaoundé intervient dans un contexte où d’autres responsables d’association des droits de l’homme sont accusés de blanchiment d’argent. C’est le cas de la directrice exécutive du Redhac. Maximilienne Ngo Mbe, qui a été entendue à la police judiciaire à Yaoundé et à Douala. Une affaire qui suscite l’indignation de nombreuses associations de défense des droits de l’homme qui dénoncent un complot mis en place par certaines autorités pour saboter le travail effectué par ces Ong pour la promotion et le respect des droits humains au Cameroun.

Me Alice Nkom, avocat au barreau du Cameroun, dénonce « un Etat policier qui utilise la répression pour mater les citoyens qui exercent librement leur fonction ».

Depuis le déclenchement de la crise anglophone, les responsables d’Ong sont accusés d’être les relais des groupes séparatistes dans les régions anglophones. En 2021, le ministre de l’Administration territoriale avait annoncé une opération spéciale dont l’objectif était d’identifier les défenseurs des droits de l’homme exerçant au Cameroun.

Prince Nguimbous (Jade)