Dans son nouveau rapport, le Groupe de travail sur les droits humains, mis en place par des organisations de la société civile, dresse un tableau sombre de la situation des droits de l’homme au Cameroun.
La situation des droits de l’homme demeure alarmante au Cameroun. C’est ce qu’indique le Groupe de travail sur les droits humains dans son rapport annuel pour le compte de l’année 2021 publié le mercredi 9 février 2022 à Yaoundé.
Selon ledit rapport, au moins 1759 situations de violation des droits humains ont été recensées dont 1336 cas de violation des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels et au moins 423 autres cas de violences y compris les violences basées sur le genre.
Ces cas de violation des droits de l’homme ont été principalement observés dans l’Extrême-nord, le Sud-ouest et le Nord-ouest ; des régions en proie à des crises sécuritaires depuis de nombreuses années.
L’année 2021 a été une année particulièrement meurtrière. Au moins 897 personnes ont été tuées, précise le rapport. Dans les détails, au moins 542 personnes ont été tuées dans la crise au Nord-ouest et Sud-ouest, au moins 339 personnes tuées dans le conflit contre Boko Haram à l’Extrême -nord et au moins 16 personnes tuées dans les autres régions du pays.
« Ces incidents meurtriers sont le fait des groupes armés non étatiques (Combattants de Boko Haram, groupes séparatistes et groupes criminels non identifiés) et des forces de défense et de sécurité », soutient le Groupe de travail initié par la plateforme Stand Up for Cameroon et coordonné par l’ONG Un Monde A venir.
Enlèvements, incendies, pressions sur les partis politiques et ONG
Les cas d’enlèvement se sont également multipliés en 2021. Le rapport relève qu’au moins 277 personnes ont été enlevées dont au moins 133 personnes enlevées dans les régions anglophones, au moins 137 personnes enlevées à l’Extrême-nord et au moins 7 personnes enlevées dans les autres régions. En ce qui concerne les incendies et explosions, plus de 160 cas ont été recensés dans les régions du Nord-ouest, du Sud-ouest, à l’Extrême-nord et dans les autres régions du pays.
Aussi, le rapport dénonce les actes de tortures commis dans les commissariats et les brigades de gendarmeries, les conditions de détention déplorables dans les prisons, les pressions exercées sur les partis politiques, les organisations de la société civile et les ONG internationales ainsi que le dysfonctionnement de l’appareil judiciaire avec notamment le cas de l’ancien directeur général de la CRTV, Amadou Vamoulké, en détention depuis 5 ans.
Plusieurs recommandations ont été formulées par le groupe de travail face à ce constat alarmant. Il s’agit entre autres : de la libération de toutes les personnes non violentes arrêtées et détenues dans le cadre des crises que connaît le Cameroun ; l’instauration des dialogues réguliers à tous les niveaux (local et national) pour rechercher les voies et moyens de résoudre les différents problèmes suscités par les différentes situations de crise.
Le Groupe préconise le renforcement des capacités des acteurs publics sur les questions des droits de l’homme et droit humanitaire. Il demande aux autorités camerounaises d’autoriser les organisations non gouvernementales à enquêter et se déployer en toute liberté dans les zones où les violations des droits humains ou les violences ont été commises.
Le Groupe de travail appelle à une indépendance de la Commission national des droits de l’homme du Cameroun au niveau financier et dans sa latitude à produire des rapports qui ne soient pas politiquement censurés.
Il demande également aux partenaires internationaux d’appuyer les actions de lobbying et de plaidoyer sur l’élaboration et l’adoption d’un instrument juridique de protection des défenseurs des droits humains au Cameroun.
Béatrice Kaze