Le gouvernement révéle dans un rapport que le taux de prévalence des mutilations génitales féminines culmine à 20% dans les régions de l’Etrême-Nord et du Sud-Ouest. Un chiffre qui interpelle la responsabilité de l’Etat au moment où le monde entier célèbre la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines.
Au Cameroun, une jeune fille sur cinq est victime de mutilations génitales dans les régions de l’Extrême et du Sud-Ouest. Tel est le résultat d’une enquête conduite en 2017, citée dans le rapport du Cameroun au titre de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et des conventions connexes. Sur le plan national, la situation est moins alarmante puisque la prévalence de cette pratique est d’environ 1,4%.
Les mutilations génitales féminines sont des pires violations des droits de l’enfant et de la femme. Cette pratique néfaste est « une grave menace pour la santé des femmes et des filles, notamment sur les plans psychologique, sexuel et procréatif », regrette les Nations Unies dans un rapport. « Elle peut accroître leur vulnérabilité face au VIH et avoir des conséquences obstétricales et prénatales néfastes, voire mortelles, pour la mère et le nouveau‑né ».
Face à la gravité de cette pratique, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté en décembre 2012 une résolution pour désigner le 6 février « Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF) » . Objectif de cette journée : mobiliser le monde entier sur des actions visant à éliminer cette pratique. C’est dans cet esprit que la résolution des Natios Unies demande aux Etats « de concevoir des campagnes et des programmes d’information et de sensibilisation ciblant systématiquement le grand public, les professionnels concernés, les familles et les communautés, notamment en faisant appel aux médias et en présentant à la télévision et à la radio des débats sur l’élimination des mutilations génitales féminines ». Message inaudible au Cameroun ?
Pourtant, dans son rapport de septembre 2018 adressé au Cameroun, le groupe de travail de l’ONU sur l’Examen périodique universel prescrivait à l’Etat du Cameroun, entre autres, « d’intensifier les campagnes de sensibilisation sur l’ensemble du territoire pour éradiquer la pratique des mutilations génitales féminines et des mariages forcés ». Notre pays , lui, se contente de brandir quelques petits progrès réalisés sur le plan des textes. Notamment l’adoption du « Plan d’Action quinquennal de lutte contre les Mutilations Génitales
Féminines (MGF) », et surtout l’intégration dans le code pénal des dispositions criminalisant les mutilations génitales. Il reste que ces nouvelles dispositions n’ont pas encore produit des effets. D’où cette recommandation du Groupe de travail des Nations Unies adressée au Cameroun : « Appliquer pleinement l’article 356 du Code pénal de 2016 et incriminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles, notamment les mutilations génitales féminines et les mariages précoces et forcés ».
Etienne TASSE