Hyppolite Tchoutezo du Rdpc (ancien 1er adjoint au maire de la commune de Bafoussam Ier) et Deffo Oumbé Sangong du Sdf (ancien député à l’Assemblée nationale) trouvent « politiquement incorrect » le non représentativité d’un membre de la minorité bororo au sein de l’exécutif communal de Bafoussam Ier.
«Je suis à moitié déçu. Il y a moins de cinq ans, j’occupais le poste de grand conseiller à la Communauté urbaine de Bafoussam. C’était représentatif. Je vais continuer à militer dans les rangs du Front Social-démocrate (Sdf en anglais : Ndlr). Je vais continuer à porter la cause de la communauté bororo. Même si ce n’est pas moi en personne, il faudrait que lors du prochain mandat, ceux des membres de notre communauté qui militent activement aient la possibilité d’être portés à des postes politiques plus représentatifs.» Lehrer Amadou dont la candidature au poste d’adjoint au maire de Bafoussam Ier a été rejetée, avec l’onction de la hiérarchie locale du Sdf patronnée par Cyrille Ngnang, par ailleurs maire titulaire de cette municipalité.
Cette mise à l’écart ne fait pas l’unanimité dans les rangs du Sdf à Bafoussam. Ainsi, Deffo Oumbé Sangong, membre influent de cette formation politique et ancien député à l’Assemblée nationale, dénonce cette décision. « Nous avons plusieurs fois remportés des élections très serrées dans le département de la Mifi ou au niveau de la commune de Bafoussam Ier grâce au soutien indéfectible des électeurs bororos conduits par Lehrer Amadou », rappelle l’ancien parlementaire. « Nous sommes dans une République, réclamons nos droits légaux. Toutes les structures de revendications de nos droits sont opérationnelles, allons y simplement », ajoute, dans la même logique, Ahmadou Ahidjio Yerima, membre de Mboscuda (association culturelle et sociale pour la défense des intérêts des populations bororos) et militant du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).
Des ajustements pratiques
« Le principe démocratique doit connaître des ajustements pratiques dans le sens du maintien de la cohésion et de la paix sociale. On doit tout équilibrer si l’on veut bien gérer la cité. Il aurait été judicieux pour le maire Cyrille Ngnang et son équipe d’intégrer, pour cette fois-ci, un candidat bororo dans la liste des six adjoints au maire de la commune de Bafoussam Ier. Lors de la précédente mandature, en ma qualité de tête de liste des adjoints au maire, tout avait été mis en œuvre pour qu’un représentant des minorités, notamment les populations des régions du Centre-Sud-Est, soit élu comme adjoint au maire. Et ça a marché avec la présence du journaliste Jacob Nguini au sein de l’exécutif dirigé à l’époque par le Dr Jules Hilaire Focka Focka », indique Hyppolite Tchoutezo, ancien 1er adjoint au maire de la commune de Bafoussam Ier. Pour ce membre du bureau national de l’organisation des jeunes du Rdpc, il en résulte que l’exigence de prise en compte de la composition sociologique vient renforcer la disposition législative interdisant l’autorisation de « tout parti politique qui porte atteinte à […] l’unité nationale […] et à l’intégrité nationale par toutes sortes de discriminations basées sur les tribus, les régions, les groupes linguistiques ou les confessions religieuses [ou qui] favorise la belligérance entre les composantes de la nation », comme le stipule l’article 9 de la loi n° 90-56 du 19 décembre 1990 relative aux partis politiques.… « L’essentiel des droits des minorités au Cameroun, analyse ce dirigeant politique par ailleurs candidat aux élections sénatoriales du 06 décembre prochain, se trouve à ce jour cristallisé dans l’impératif de la prise en compte des composantes sociologiques lors de l’établissement des listes électorales pendant les consultations plurinominales. Il ne faudrait donc pas confondre configuration sociologique à représentation ethnique). Il faudrait que le législateur et le juge électoral prennent des dispositions pour rendre plus explicite cette exigence en matière d’élection des membres de l’exécutif communal.»
Guy Modeste DZUDIE (JADE)