Ernest Ouandié : la mémoire  profanée

Ernest Ouandié : la mémoire profanée

Le silence des morts n'a pas apaisé les tempêtes de l'Histoire. La tombe d'Ernest Ouandié, héros national, a été profanée, réveillant les braises ardentes d'un débat qui déchire le Cameroun. Cet acte ignoble est-il la conséquence directe des propos incendiaires d'un militant politique, qui a osé traiter Ouandié de « bandit » ? La question hante les esprits, tandis que le pays se retrouve plongé dans une crise mémorielle et politique.

La tombe d'Ernest Ouandié, héros national camerounais, a été profanée dans la nuit du 9 mars 2025. La dalle de béton qui la recouvrait, jadis un rempart contre l’oubli, est aujourd’hui éventrée, brisée en plusieurs morceaux. Comme si des mains profanatrices avaient voulu effacer son existence. Un large pan du revêtement s'est détaché, exposant la terre et la structure interne du tombeau. De larges fissures serpentent sur sa surface.  Au milieu des gravats éparpillés gisent quelques feuilles et fleurs fanées, vestiges d’un hommage bafoué. Ce saccage n’est pas qu’une destruction matérielle, c’est une blessure infligée à l’histoire, une insulte au combat héroïque de l’homme.

Cet acte ignoble a déclenché une vague d'indignation à travers le pays. Et survient dans un contexte de vives tensions politiques, quelques semaines après qu’un militant politique a qualifié Ouandié de « bandit » sur un plateau de télévision.

Violation de la loi et des droits humains

La profanation de la tombe d’Ernest Ouandié par des individus non identifiés est un crime, une violation flagrante de l'article 274 du Code pénal camerounais. Cet article stipule que « quiconque viole des tombeaux ou sépultures, ou profane tout ou partie d'un cadavre humain, qu'il soit enseveli ou non, est passible d'une peine d'emprisonnement de trois mois à cinq ans et d'une amende de 10 000 à 100 000 francs CFA ». Mais c'est aussi une atteinte à la dignité humaine, un droit fondamental garanti par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). Ouandié, figure emblématique de la lutte pour l'indépendance, a été souillé dans son repos éternel, sa mémoire piétinée.

L'État, garant défaillant

Où est l'État, garant des lois et des droits humains ? Son silence assourdissant face à ces actes odieux est un aveu de faiblesse, un signe de laxisme. Comment peut-il laisser impunis ceux qui profanent la mémoire d'un héros national, ceux qui sèment la discorde et la haine ?

À quelques mois de l'élection présidentielle d'octobre 2025, le Cameroun est un volcan en éruption. Les passions sont exacerbées, les tensions à leur comble. La profanation de la tombe d'Ouandié est-elle une manœuvre politique, une tentative de déstabilisation ? Les spéculations vont bon train, alimentant la confusion et la méfiance.

Un appel à la mémoire et à la justice

Face à cette crise, il est impératif de se souvenir du passé, de rendre hommage à ceux qui ont lutté pour l'indépendance et la dignité du Cameroun. Il est urgent de faire toute la lumière sur la profanation de la tombe d'Ouandié, de punir les coupables et de rétablir la justice. Afin que plus jamais, pareil acte ne se répète.

DEJIO M