La capitale de la région du Nord a accueilli le 12 décembre 2023, un atelier de concertation multi-acteurs organisé par l’organisation non gouvernementale « Journalistes en Afrique pour le Développement » (Jade). Ont donc pris part à cette rencontre de Garoua, des Journalistes, policiers, gendarmes, magistrats et avocats, venus de Ngaoundéré, Maroua et Garoua. Ce troisième atelier du genre, était une occasion de trouver les voies et moyens pour la vulgarisation des droits humains au Cameroun. « La protection des droits humains nécessite une synergie d’action, une collaboration étroite entre les médias, la police, la gendarmerie, les avocats, les magistrats, les autorités administratives pour garantir un accès à l’information aux journalistes qui œuvrent inlassablement pour informer sur les droits humains. Nos expériences, nos expertises, nos engagements sont des éléments clés de cette synergie », indique Etienne Tasse, coordonnateur de Jade Cameroun.
Les chiffres
Aussi, pendant cette rencontre de Garoua, Jade a présenté les résultats du travail abattu par les différents médias sur la vulgarisation des droits humains du 1er octobre 2020 au 25 novembre 2023. Ce résultat a été un fruit d’une étude sur 22 médias à savoir 11 presses écrites, 07 radios et 04 télévisions. Ainsi, en 2020 sur un total de 7144 pages des journaux dépouillés, 34 pages seulement ont parlé des droits humains soit 0,5%. En 2022 Jade a enregistré 27 pages sur les droits humains sur les 2804 pages dépouillées pour un pourcentage de 1,0%. En 2023 c’est 39 pages sur les droits humains sur 2822 pages des journaux soit 1,4%.
Dans le secteur de la radio, en 2020 les journaux parlés ont occupé 116 minutes sur 3910 minutes des journaux parlés soit 2,96%. En 2022, sur les 4110 minutes des journaux parlés, les droits humains ont occupé 144 minutes soit 3,5%. Cette même étude révèle qu’en 2023, les radios ont parlé des droits humains pendant 157 minutes sur les 4123 minutes des journaux parlés soit 3,8%.
Pour ce qui est des journaux télévisés, en 2020, ces médias ont parlé des droits humains pendant 30 minutes sur 902 minutes des journaux télévisés soit 3,33%. En 2022 les droits humains ont occupé un espace de 193 minutes sur les 4683 minutes des journaux télévisés. Et en 2023, sur les 4701 minutes des journaux télévisés, ils ont parlé des droits humains pendant 221 minutes soit 4,7%. Ainsi, une nette progression est observée de part et d’autre. La presse écrite est partie de 0,5% en 2020 à 1,4% en novembre 2023. De même, la radio est passée de 2,96% en 2020 à 3,8% en 2023. La télévision n’est pas en reste dans cette progression car, elle passe de 3,33% en 2020 à 4,7% en 2023. Dans toute sa globalité, les médias qui ont parlé des droits humains sont passés de 2,26% en 2020 à 3,3% en 2023 soit une évolution globale de 46%.
Le problème
« Le principal problème que les journalistes ont c’est l’accès aux sources. C’est pour cela que nous avons entrepris d’organiser cette rencontre qui réunit les principaux acteurs qui concours à l’information sur les droits humains à savoir les avocats, magistrats, policiers, gendarmes, journalistes et acteurs de la société civile. Ce sont là nos principales sources d’informations. C’est une occasion en or qui se présente à vous journalistes de vous rapprocher de ces différentes sources, d’avoir leurs contacts pour que désormais lorsque vous avez besoin des informations que vous puissiez aller vers eux. Nous souhaitons vraiment que vous mettiez à profit cette rencontre », a fait savoir Etienne Tasse. Les participants présents ont salué cette initiative et souhaitent que les rencontres de ce genre se multiplient.
« J’ai vraiment apprécié cette initiative, car depuis que je pratique ce métier de journalisme, c’est ma première fois d’assister à ce genre d’atelier pour parler des droits humains avec à nos côtés des magistrats, avocats, gendarmes et policiers avec qui les journalistes devraient collaborer. C’était vraiment un moment très convivial à travers les échanges entre les participants », apprécie Saïd Fonzie, journaliste à Nord Actu à Garoua. « Vivement que cette initiative se multiplie pour permettre de maintenir ce climat de travail entre ces différents acteurs », suggère-t-il. Pour le coordonnateur de Jade Cameroun, les journalistes devraient profiter des rencontres comme celle-là pour stimuler une bonne collaboration avec les différents acteurs. « Depuis trois ans que ce projet a été mis en place, le sondage vous l’a révélé ; il y a une progression lente mais réelle de la quantité d’information dans les médias.
De plus en plus grâce à ces rencontres les journalistes ont l’occasion de rencontrer ces sources et recouper vos informations non seulement auprès des autorités administratives, mais aussi des forces de maintien de l’ordre. Le fait que les journalistes soient sensibilisées sur cette question fait en sorte que les journalistes impliqués dans le projet sont beaucoup plus attentifs, bienveillants et engagés dans le traitement des sujets portant sur les droits humains, et, grâce à ce travail, les citoyens camerounais sont d’avantage informés sur leurs droits », souligne Etienne Tasse. Un travail en groupe a permis d’avoir des échanges d’expériences de bonnes pratiques de synergies entre les journalistes et les autres acteurs à savoir autorités administratives, forces de l’ordre, magistrats, avocats et les organisations de la société civile pour la protection des droits humains.
Par Francis Eboa